Les chênes
La fin inéluctable de leur règne
La population des chênes du Parc est vieillissante, elle est en fait dépérissante. La plupart des sujets, en alignement comme en réserve présentent un houppier affaibli et de grosses branches mortes. Chaque année un certain nombre doit être abattu.
Or ce peuplement, qui devient clairsemé, mais reste magnifique est toujours essentiel au caractère et au charme du Parc.
Il est trop tard pour espérer que cette qualité perdure dans l’état actuel, déjà dégradé.
La pauvreté des sols et de leur hygrométrie fait que la croissance de cette espèce est ici très lente. Le bois en est d’ailleurs particulièrement dur et redouté des outils des menuisiers.
Les sujets de moins de 100 ans sont en nombre bien faible en proportion de la population des arbres plus âgés: l’ASP, depuis qu’elle existe a planté très peu de chênes. Elle ne tente maintenant pratiquement plus de le faire.
Au contraire, la décision sous la présidence Wagrez de nettoyer les sous-bois auparavant naturels, a éliminé presque partout la régénération spontanée dans les réserves.
L’ ASP aura-t-elle la vision d’avenir nécessaire pour entreprendre enfin un repeuplement significatif de chênes, en alignement et en réserves? Nos successeurs en profiteraient à partir des années 2035 et suivantes.
Une étude, commandée par l’ASP à l’Office National des Forêts en 1995 et qui nous a été communiquée après que ces remarques aient été faites, allait exactement dans le même sens en recommandant (page 10) :
“Il est impérieux de rétablir le chêne à un bon niveau, sous peine de le voir se raréfier dangereusement au fur et à mesure que les sujets présents dépériront. Il faut pour cela commencer dès maintenant à en replanter.”
Ou encore, s’agissant des réserves (page 12) :
“Les reboisements seront, sauf exceptions, à base de chêne, toutes les essences venant diversifier la plantation restant nettement inférieures en nombre”
17 années ont passé, et cette recommandation, si elle n’a pas été complètement ignorée n’a produit aucun résultat tangible. Les replantations ne comportent pratiquement pas de chênes !
Le discours à l’ASP est le suivant : les tentatives de plantation s’étant régulièrement soldées par des échecs, il a été renoncé à en pratiquer ! L’ONF, sans doute, n’avait pas prévu ce caprice local de la nature ! A-t-on consulté cet organisme sur la question ? A-t-on songé à remettre à jour l’étude de 1995, la physionomie du Parc ayant tout de même aussi bien changé lors de la tempête de 1999 ?
En bref, a-t-on vraiment déployé la compétence, la volonté et la persévérance nécessaires à cette entreprise ?
Cela paraît tout à fait douteux. Du temps de Louis XV on savait planter des chênes, ce sont ceux qu’on voit encore maintenant. D’autres communes y réussissent aujourd’hui. Elles ont peut-être essayé plusieurs pépiniéristes, plusieurs espèces ou plusieurs variétés. La fable que le réchauffement climatique interdirait déjà la reprise des chênes à Maisons-Laffitte est bien peu crédible : le domaine du chêne s’étend encore largement au sud de la région parisienne (ce qui n’est plus le cas pour le hêtre).
Alors, comme le recommande l’ASP dans son bulletin de décembre 2011, admirons un des plus beaux chênes du Parc, celui qui se trouve à l’angle des avenues Lafayette et Voltaire. Il est certainement plus que bicentenaire, c’est à dire beaucoup plus ancien que l’ASP, mais il est en fin de vie, et il ne sera pas remplacé: on ne sait pas le faire, et on n’essaye plus vraiment !!
Par ailleurs, l’ASP pourrait utilement, comme le font bien des villes, signaler les arbres remarquables présents dans le parc.